Depuis deux décennies, l’histoire des institutions policières et celle des migrations ont été fortement renouvelées. Le renouvellement de l’histoire des institutions policières a intéressé aussi bien les historiens que les juristes ou les sociologues, voire les professionnels de l’ordre public.
Parallèlement, l’avènement comme champ de recherche à part entière de l’histoire de l’immigration et des étrangers en France a enrichi de questionnements inédits l’étude des populations mobiles, déjà fortement revivifiée par de nombreux travaux sur les sociétés rurales ou urbaines. Par la force des choses, ces deux histoires ne cessent de se croiser. Le souci du maintien de l’ordre confronté aux problèmes posés par une société de plus en plus mobile rencontre, à travers la relation police-migrants, un enjeu essentiel. La circulation et l’installation massive des étrangers sur le territoire français à partir de la fin du XIXe siècle, au moment de la consolidation du l’État national, constitue un paramètre important de la modernisation des institutions au sein de l’État-nation. À partir de là, interroger de façon spécifique le terrain où se rencontrent ces deux historiographies dynamiques est apparu comme une démarche féconde et nécessaire, puisqu’elle n’avait jamais été systématiquement conduite. Une trentaine de spécialistes de l’histoire des migrations et de la police, historiens, juristes et sociologues, confrontent leurs analyses dans cet ouvrage qui espère constituer une étape majeure dans l’évolution d’un vaste chantier aux implications très actuelles.